Carte blanche

‘Quelles alternatives pour le compte d’épargne ?’

Un nouveau cadre fiscal, stable et transparent pour le petit épargnant s’impose, plus que jamais, estime Test-Achats.

250 milliards d’euros. Autant d’argent placé sur les comptes d’épargne belges. Étonnant, puisque nos petites économies ne rapportent quasi rien. La majorité des banques offrent le minimum légal, à savoir un taux de base de 0,01% et une prime de fidélité de 0,10%. Et encore, cette dernière est soumise à des conditions strictes, tant et si bien que beaucoup d’épargnants n’y ont pas droit. Au final, la rémunération moyenne des comptes d’épargne s’élève à 0,04%.

La sécurité (le capital est garanti) et la souplesse (des retraits sont possibles à tout moment) expliquent le succès des comptes d’épargne. Mais la fiscalité joue un grand rôle aussi, les intérêts étant exonérés de précompte mobilier. Cette générosité fiscale visait initialement à encourager l’épargne populaire, en incitant chacun à mettre un peu d’argent de côté, tout en offrant un rendement suffisant pour préserver le pouvoir d’achat de cette épargne. Les banques et l’État s’y retrouvaient aussi, profitant de l’abondante épargne des Belges pour se financer à bon compte. Un triple win qui a bien fonctionné durant de nombreuses années.

Aujourd’hui, l’épargnant ne reçoit plus que les miettes du gâteau. Concrètement, lorsqu’une personne met 10.000 € de côté, elle n’en retire que 4 € de revenus par an. Des cacahuètes ! Par contre, la banque gagne 160 € par an sur ce même montant grâce aux intérêts des crédits qu’elle octroie avec l’épargne de ses clients. Quant à l’État belge, il reçoit 40 € par an, grâce aux différentes taxes directement perçues auprès de la banque sur les montants inscrits en comptes d’épargne.

L’illusion reste toutefois parfaite. Pour beaucoup, le compte d’épargne ne rapporte plus grand-chose, mais il assure au moins la garantie du capital. C’est sans tenir compte de l’inflation, qui rogne le pouvoir d’achat de l’épargne. Une inflation qui s’est élevée à 3% au premier trimestre, bien plus que ce que rapportent les comptes d’épargne. Nous avons calculé que 10.000 € placés il y a dix ans sur un compte d’épargne n’offrent plus aujourd’hui qu’un pouvoir d’achat équivalent à 9.200 €. Soit une baisse de 8% du pouvoir d’achat.

Cela laisse de la marge pour déplacer une partie de l’avantage fiscal vers d’autres placements

Chez Test-Achats, nous sommes d’avis que cela peut changer. Après la pétition dans laquelle Test-Achats dénonçait, avec 18.000 signataires, les faibles taux des comptes d’épargne, nous voulons aller encore plus loin en invitant chacun à repenser la fiscalité de l’épargne et à réfléchir à des solutions qui permettent de préserver la valeur de son épargne. Actuellement, les intérêts des comptes d’épargne sont exonérés de taxe à concurrence de 1 880 euros. Compte tenu de leur faible rendement, chacun peut donc déposer jusqu’à 4,7 millions d’euros sans être taxé ! Cela laisse de la marge pour déplacer une partie de cet avantage vers d’autres placements, et ce en fonction des besoins et du profil des investisseurs.

Concrètement, nous proposons que l’avantage fiscal soit maintenu sur le compte d’épargne jusqu’à un seuil de 25 000 euros (50 000 euros par couple). De quoi assurer encore à tous la possibilité de se constituer une bonne épargne de précaution, sans risque. Parallèlement, tout le monde a la possibilité de placer 50 000 euros (100 000 euros par couple) sur un compte-titres dont les revenus (dividendes, intérêts, plus-values) ne sont pas taxés. Ce compte, qui doit être conservé pendant au moins huit ans, peut être alimenté par des bons de caisse, des comptes à terme, des fonds, des actions et des obligations. Dans la proposition de l’association des consommateurs, il n’y a pas de place pour les produits spéculatifs comme les options ou les warrants.

Sur notre site, www.test-achats.be/epargnefiscalite, nous offrons aux épargnants la possibilité d’exprimer leur opinion sur cette nouvelle proposition.

Avec le soutien des épargnants, Test-Achats veut entamer le dialogue avec le Gouvernement et les partis politiques pour mettre en place une fiscalité qui encourage une nouvelle forme d’épargne populaire, à même de préserver le pouvoir d’achat du petit épargnant. Alors que ces dernières années, les gouvernements successifs ont limité leur action politique à alourdir sans cesse la facture fiscale pour le petit épargnant (hausse du précompte mobilier, des taxes de bourse, taxation des plus-values), le tout en ajoutant chaque fois une couche de complexité, aucune réflexion en profondeur sur le sujet n’a été menée. Pour Test-Achats, un nouveau cadre fiscal, stable et transparent pour le petit épargnant s’impose, plus que jamais.

Par Julie Frère, Porte-parole Test-Achats, et Nicolas Claeys, coordinateur Test-Achats invest

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