Les obligations à haut rendement, une classe solide sur le long terme

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Les obligations à haut rendement conservent de nombreux atouts dans le contexte actuel.

Les obligations à haut rendement ont été une des classes d’actifs les plus rémunératrices durant les 10 dernières années. Les meilleurs fonds investis globalement sur ce segment obligataire ont affiché des progressions annuelles supérieures à 8 % depuis septembre 2007, et ils ont permis aux investisseurs de traverser plus qu’honorablement deux crises financières majeures. Pour rappel, les obligations à haut rendement affichent des notes de crédit inférieures à BBB-, et sont émises par des émetteurs plus risqués que des émetteurs souverains ou des grandes multinationales disposant de cash-flows élevés. Plus la qualité de l’émetteur diminue, plus ces obligations auront tendance à être volatiles, et à avoir un comportement qui se rapproche des actions.

Sous pression

Depuis le début de l’année, la tendance est toutefois moins favorable, avec des reculs qui se sont échelonnés entre -6 et – 8 % pour la grosse majorité des produits commercialisés en Belgique et disposant d’un historique de performance sur 10 ans. Cette performance est essentiellement liée à la baisse du billet vert face à l’euro, la plupart des produits globaux étant libellés en dollars vu que le marché américain reste encore très prédominant sur cette classe d’actifs.

En regardant les performances des produits disposant d’une protection contre les mouvements de change, le marché du haut rendement est resté bien orienté avec des progressions comprises entre 3 et 6 % pour la majorité des produits. Une autre constatation concernant ces fonds est la relative homogénéité de leur performance historique, les progressions annuelles sur 10 ans s’échelonnant entre 8,7 et 6,2 %. Leur profil de volatilité est également très similaire, et la plupart des meilleurs produits affichent également des actifs sous gestion qui vont de 1 à 5 milliards de dollars.

Le meilleur

Axa WF – Global High Yield Bonds affiche la performance la plus solide sur la dernière décennie, une surperformance qui s’est construite graduellement entre 2010 et 2016 sous la houlette de deux gestionnaires expérimentés affichant plus de 10 années d’expérience sur la classe d’actifs. James Gledhill est plus directement en charge de la partie européenne de l’allocation d’actifs, tandis que Carl Whitbeck est responsable du versant américain.

Dans la pratique, les deux gestionnaires n’hésiteront pas à se positionner sur des émetteurs plus risqués, en se positionnant sur les échéances les plus courtes afin de limiter la volatilité. ” Le risque de défaut est le plus élevé avant le versement du premier coupon, souligne James Gledhill. S’exposer sur une émission existante ayant déjà fait l’objet de quelques remboursements sera moins risqué, et compensera souvent un rendement devenu plus faible en raison de la hausse du cours de l’obligation. ”

” Nous compenserons cette exposition par une plus grande importance accordée aux émissions de moindre qualité (notées CCC ou B) et plus rémunératrices “, poursuit le gestionnaire. Ce positionnement a également pour conséquence que le fonds d’Axa IM sera moins dépendant du marché primaire par rapport à ses principaux concurrents, et aura également un profil plus défensif que les fonds exposés sur le marché primaire, où les emprunts nouvellement émis auront tendance à être beaucoup plus volatils. ” Si le marché est haussier, les obligations à maturité courte grimperont moins rapidement que le reste du marché, indique encore James Gledhill. Mais si le marché devient baissier, elles résisteront nettement mieux, et c’est durant ces périodes que nous creusons typiquement l’écart par rapport à nos concurrents. ”

Les challengers

Le seul produit noté Gold par les analystes de Morningstar est le fonds T. Rowe Price- Global High Yield Bond, un fonds géré depuis plus de 20 ans par Mark Vaselkiv avec une attention stricte portée sur le risque pris au niveau du portefeuille. T. Rowe Price n’a pas non plus hésité à fermer le fonds par le passé afin de protéger la performance des investisseurs. ” Depuis un certain temps, Mark Vaselkiv estime que nous sommes dans les derniers moments du marché haussier, et il a donc positionné son portefeuille sur les émissions les mieux notées “, soulignait l’analyste de Morningstar Niels Faassen dans son analyse la plus récente consacrée à ce produit. ” Il s’est également protégé contre une hausse éventuelle des taux et à réduit la duration du portefeuille en se positionnant sur des maturités plus courtes “, ajoutait-il.

De leur côté, le gestionnaire principal du fonds PIMCO GIS Global High Yield Bond vise des émetteurs de qualité, et sera traditionnellement sous-exposé au segment des émissions notées CCC. Il n’hésitera pas non plus à augmenter ses liquidités lorsque le marché devient cher et que les opportunités deviennent difficiles à dénicher. Ce fonds a eu tendance à se démarquer historiquement de ses concurrents durant les périodes de repli, et à rester en retrait lors des phases d’expansion.

Les obligations à haut rendement, une classe solide sur le long terme

Soutien

Pour les prochains mois, les gestionnaires restent relativement confiants dans les perspectives de cette classe d’actifs. ” Les obligations à haut rendement ont été historiquement une des meilleures options pour s’exposer sur le marché obligataire dans un contexte de hausse des taux, souligne Wesley Sparks, gestionnaire du fonds Schroder ISF Global High Yield. Le rendement plus élevé a tendance à compenser l’érosion du cours tandis que les périodes de hausse des taux correspondent également aux périodes d’accélération de l’activité économique. ”

Chez Axa IM, James Gledhill souligne que le contexte macroéconomique reste favorable à la bonne performance de cette classe d’actifs. ” C’est la première fois depuis Lehman Brothers que nous avons une reprise synchronisée dans la plupart des grandes régions, sans que la croissance ne soit trop forte et entraîne une accélération de l’inflation ou l’apparition de comportements plus agressifs en termes d’endettement pour les entreprises “, indique-t-il.

Marché primaire

Il souligne à ce titre que le marché primaire reste assez nettement positionné sur le refinancement d’anciennes émissions, et que le volume total du marché à haut rendement a plutôt eu tendance à se contracter durant les derniers trimestres. ” Les taux de défaut devraient également rester modérés, et il n’y a actuellement aucun élément dans le marché qui pourrait suggérer le contraire, d’autant que les banques centrales devraient normaliser très graduellement leur politique monétaire, souligne encore James Gledhill. Le nombre de sociétés dans un état de stress financier reste très faible, tant en Europe qu’aux Etats-Unis. ”

Par contre, la valorisation du marché peut sembler tendue après plusieurs années de forte performance. ” Les fondamentaux restent solides et supportés par un environnement favorable au niveau des défauts, précise Wesley Sparks. La demande pour les émissions à haut rendement reste robuste et le sentiment du marché a même eu tendance à s’améliorer durant le mois de septembre. ”

” Les taux peuvent sembler nettement plus élevés aux Etats-Unis, mais en prenant en compte la meilleure qualité des émetteurs et les maturités plus courtes en Europe, la différence n’est pas aussi grande “, précise James Gledhill. Le gestionnaire souligne que la liquidité plus faible en Europe donne toutefois encore l’avantage aux Etats-Unis dans les allocations géographiques. ” Il faudrait que le haut rendement européen baisse encore un peu pour qu’il devienne plus intéressant que le marché américain “, conclut-il.

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