Carte blanche

‘Les vacances sont-elles vraiment sans soucis pour l’investisseur ?’

Bien que les marchés soient encore alimentés et dynamisés par des nouvelles économiques positives, l’investisseur a intérêt à utiliser la période des vacances pour préparer son portefeuille à la seconde partie de l’année, estime Marc Danneels, Chief Investment Officer chez Beobank.

Après les élections aux Pays-Bas et en France et la position affaiblie du Royaume-Uni dans les négociations liées au Brexit, l’investisseur semble rencontrer des vacances sans soucis: les marchés boursiers européens ont en moyenne augmenté de quelque 5 à 10% au cours du premier semestre et il semble que le tandem franco-allemand continuera à sortir la coopération européenne de l’impasse au cours de la seconde partie de l’année. Personne ne prévoit que les élections allemandes en septembre ne se mettent en travers du chemin dans ce domaine.

Les projections économiques permettent aussi à l’investisseur de siroter son cocktail en paix. Dans son dernier rapport, le FMI prévoit que la croissance mondiale augmentera jusqu’à 3,5% en 2017 et jusqu’à 3,6% en 2018. Les indicateurs de confiance des chefs d’entreprise et des consommateurs se situent presque partout dans le monde à leur niveau le plus élevé depuis des années.

Le facteur Trump

Mais les solides performances boursières de ces dernières années et les perspectives de croissance positives font également augmenter les risques. Du fait des hausses des cours, les actions sont devenues relativement chères, surtout aux États-Unis. Dans un environnement de valorisations relativement élevées et de grandes attentes, les marchés deviennent plus sensibles aux mauvaises nouvelles. Les messages décevants, qu’il s’agisse de révisions de perspectives de croissance, de chiffres macroéconomiques décevants ou de mauvais résultats d’entreprise, peuvent déclencher des réactions de cours tumultueuses.

Des vacances sans souci pour l’investisseur ?

Aux États-Unis, il s’agit essentiellement de guetter les réalisations des ‘Trumponomics’. La politique annoncée, consistant en diminutions de charges fiscales, dérégulation, grands travaux d’infrastructures et ‘America First’, a propulsé les bourses américaines vers les sommets. Mais en dépit d’une majorité républicaine dans les deux chambres, il n’y a pas encore eu beaucoup de concrétisations. Si les promesses s’avèrent en effet des châteaux en Espagne, un repli des marchés est inévitable.

Or, si les mesures annoncées sont effectivement mises en oeuvre, la question est de savoir quel sera l’impact sur la dette publique, qui est déjà relativement élevée. Les coûts des mesures annoncées entraîneraient le budget américain encore plus loin dans le rouge.

Le facteur Trump, qui a soutenu les marchés financiers au cours de la première moitié de l’année, pourrait dès lors avoir un effet inverse au second semestre, si les grandes attentes ne se concrétisent pas sur les marchés.

Changement de cap des banques centrales

Ensuite, les relèvements successifs du taux d’intérêt de la Federal Reserve (Fed) créent une pression à la hausse sur le taux d’intérêt à long terme américain. La Fed a augmenté trois fois le taux d’intérêt au cours des six derniers mois. ‘Quand l’Amérique éternue, le reste du monde s’enrhume’, dit-on. Nous devons dès lors envisager qu’une augmentation trop forte des taux d’intérêt à long terme aux États-Unis aura également un impact sur les marchés des actions et des obligations.

En Europe aussi, le président de la BCE Mario Draghi semble préparer les marchés à un changement de cap. Une augmentation du taux d’intérêt n’est pas pour tout de suite, mais il est possible qu’une annonce soit faite à l’automne du démantèlement progressif du programme d’assouplissement quantitatif, qui permet à la BCE le rachat mensuel d’obligations pour des milliards d’euros. Il reste à voir comment les marchés réagiront à cela.

Volatilité, le retour ?

Pour finir, il y a encore d’autres fers européens au feu. Le Brexit bien sûr, où il s’avère de plus en plus que le consommateur britannique et la monnaie britannique seront les plus durement touchés. En Italie aussi, la situation n’est pas encore idéale. Le pays accuse toujours un retard sur le reste de l’Europe et le secteur bancaire affaibli y reste préoccupant. Avec la perspective de nouvelles élections, où le mouvement populiste Cinq Étoiles pourrait obtenir de bons scores, les investisseurs ont tout intérêt à suivre la situation de près.

Bien que les marchés soient encore alimentés de nouvelles économiques positives, l’investisseur ferait bien d’utiliser le temps des vacances pour préparer son portefeuille à la seconde partie de l’année. La diversification, tant au niveau des classes d’actifs, des régions que des styles d’investissement, est la stratégie recommandée pour pouvoir tirer avantage de la dynamique de croissance mondiale, mais aussi pour pouvoir répartir les risques au cours du second semestre.

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