Cinq raisons pour lesquelles les compagnies d’assurances n’interviennent pas

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Selon les spécialistes, les compagnies d’assurances ne rechignent pas si souvent à vous indemniser. Et si vous parvenez à éviter ces cinq pièges, vous n’avez plus de soucis à vous faire.

“Dans la vie, il n’y a que trois certitudes: le soleil se lève, l’oxygène est gratuit et votre compagnie d’assurances chercher à esquiver ses responsabilités.” Pour beaucoup d’entre nous, c’est une manière parmi tant d’autres d’exprimer notre méfiance vis-à-vis du monde des assurances. Les compagnies d’assurances tentent-elles réellement de se dérober?

Les compagnies d’assurances tentent-elles réellement de se dérober?

Les chiffres de l’union professionnelle Assuralia portant sur les assurances dommages (incendie, accidents et autres risques) semblent suggérer le contraire. En 2016, le résultat “technique” s’établissait à 5,2%. Cela signifie que 94,8% des primes perçues ont été versées en indemnités. Les chiffres fluctuent légèrement d’année en année, surtout lorsque d’importantes tempêtes s’abattent sur le pays, mais ils tournent généralement autour de cette valeur. Albert Verlinden, le président de l’association des intermédiaires financiers indépendants (BZB-Fedafin), est catégorique: “Je n’ai à ce jour aucune preuve d’une compagnie d’assurances essayant d’échapper à ses responsabilités à l’égard d’un dommage.”

Cela ne signifie pas pour autant que les compagnies interviennent dans tous les cas. Voici un aperçu des principales raisons pour lesquelles elles pourraient y échapper.

1. Le dommage n’est pas couvert par la police d’assurance

La raison la plus courante pour laquelle une compagnie n’intervient pas, c’est tout simplement parce que le dommage n’est pas couvert par la police. “Ce qui est assuré varie très fortement d’une compagnie à l’autre, voire d’une police à l’autre”, explique Albert Verlinden. “Chaque assurance familiale est par exemple différente. L’une couvrira l’équitation, l’autre pas. Idem pour les assurances hospitalisation: les soins dentaires sont tantôt compris, tantôt exclus.”

Ce qui est assuré varie très fortement d’une compagnie à l’autre, voire d’une police à l’autre.

Par conséquent, il convient de bien s’informer, ce qui signifie qu’il faut savoir lire les petits caractères. Même en passant par un courtier, vous n’êtes pas totalement déchargé de cette corvée. “Un intermédiaire n’est pas un notaire qui lit à voix haute chaque ligne d’un acte de vente. Le preneur doit lui-même fournir un effort pour examiner les conditions de la police”, poursuit Albert Verlinden.

Selon Kelly Schamphelaere, la directrice de l’association professionnelle des courtiers en assurances néerlandophones (FVF), il est particulièrement important de réfléchir à ce que vous voulez assurer avant de conclure un contrat. “Souvent, il s’agit de conditions complexes et les différences peuvent être importantes. Une assurance incendie n’est pas simplement une assurance incendie.”

2. La police n’est pas adaptée

Il arrive aussi fréquemment que les assurés n’adaptent pas leur police à leur nouvelle situation. Kelly Schamphelaere: “À l’achat d’une maison, les acquéreurs concluent une assurance incendie. Ensuite, ils effectuent des travaux de rénovation, mais ils omettent d’en informer leur compagnie d’assurances. Résultat: une sous-assurance, c’est-à-dire une indemnité limitée à la valeur du risque.”

Votre assurance doit évoluer avec votre vie. C’est pourquoi il est conseillé de procéder à un check-up régulier.

Autre coup classique: les parents contractent l’assurance auto de leurs enfants à leur nom pour réduire le montant de la prime. “Il est essentiel de communiquer la situation de fait, sinon la compagnie n’est pas en mesure d’évaluer correctement le risque et vous vous livrez à des déclarations mensongères”, prévient Kelly Schamphelaere. Elle conseille donc d’informer la compagnie des circonstances réelles. “Votre assurance doit évoluer avec votre vie. C’est pourquoi il est conseillé de procéder à un check-up régulier, à l’instar d’une visite chez le médecin.”

3. Le dommage est plus bas que la franchise

Les compagnies d’assurances ne versent une indemnité que pour les dommages supérieurs à un certain montant. C’est ce qu’on appelle la franchise. Là encore, Albert Verlinden souligne l’importance de bien étudier les conditions de la police. Une franchise peut par exemple être due pour chaque bris de vitre. Cela peut sembler anodin, mais si cinq vitres se brisent, il se peut que vous deviez la franchise payer cinq fois.

Par ailleurs, le montant de la franchise peut varier. Dans le cas des assurances auto en particulier, le preneur doit être particulièrement attentif. Albert Verlinden: “Celui qui ne veut pas contracter une assurance onéreuse pour sa Porsche ne viendra pas pleurer à la première bosse. À l’inverse, celui qui souhaite être assuré dès le premier euro doit savoir que sa prime sera deux fois plus chère.”

La franchise n’est pas non plus nécessairement immuable. Kelly Schamphelaere explique que l’assuré peut comprimer lui-même ce montant dans certains cas. C’est ainsi que la franchise prévue dans une assurance incendie peut diminuer si vous installez des détecteurs de fumée dans la maison.

4. Le dommage est doublement assuré

Souvent, les preneurs sont doublement assurés pour un risque. Ils concluent par exemple une assurance voyage distincte alors qu’elle figure déjà dans leur assurance incendie. Cela ressemble à un problème de luxe, et c’est un peu le cas. “Bien entendu, il vaut mieux être doublement assuré que pas du tout”, estime Albert Verlinden. En théorie, l’assurance la plus ancienne intervient et la deuxième est déclarée nulle. Les primes de cette dernière doivent même être remboursées, d’après Albert Verlinden.

La frontière avec la fraude est parfois très mince.

Or, une double assurance ne représente pas seulement de l’argent jeté par les fenêtres, elle constitue aussi un risque. S’ensuivent alors des discussions entre les compagnies d’assurances. S’il ne fait aucun doute qu’une intervention est justifiée et que des accords sont pris entre les assureurs, vous n’avez pas grand-chose à craindre, selon Kelly Schamphelaere. Toutefois, il n’est pas complètement exclu que vous soyez le dindon de la farce et que vous assistiez aux joutes juridiques entre les deux compagnies.

5. L’assuré a des attentes irréalistes

Enfin, Albert Verlinden constate que de nombreux assurés ont des attentes irréalistes. “Souvent, ils ne savent pas ce qui est couvert et ce qui ne l’est pas. Ainsi, une assurance n’est pas une police d’entretien. Vous pouvez demander réparation pour un sinistre à votre chaudière, mais pas pour son entretien.” Autre exemple: “Ce n’est pas parce que la vitre de votre voiture est brisée que cet ordinateur portable hors de prix qui se trouvait sur la banquette arrière va être remboursé. Vous devrez apporter la preuve de son achat.”

Albert Verlinden relève que la frontière avec la fraude est parfois très mince. C’est pourquoi des experts sont désignés pour estimer les dommages. “À la suite d’une petite fuite d’eau, les assurés souhaitent refaire tout le mur et le plafond, voire repeindre toute la pièce, sous prétexte que les couleurs ne s’accordent plus. Ces travaux ne sont bien entendu pas couverts. S’agit-il de fraude? En fait, oui, mais tout le monde ne voit pas les choses de la même manière en Belgique.”

Traduction: virginie·dupont·sprl

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