Voici tout ce que l’épargnant a toujours voulu savoir

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Ilse De Witte Journaliste chez Trends Magazine

Malgré les taux d’intérêt historiquement bas, les Belges accumulent quelque 267 milliards d’euros sur leurs carnets d’épargne. Pour tous ces valeureux épargnants, nous nous sommes posé les questions suivantes : quelle banque offre la meilleure rémunération ? quelles sont les meilleures alternatives aux comptes d’épargne ?

Les carnets d’épargne qui limitent les versements à quelques centaines d’euros rapportent généralement un peu plus que les carnets d’épargne illimités. Le compte d’épargne Step Up de Beobank permet aux clients de déposer jusqu’à 750 euros par mois via un ordre permanent mensuel. La Deutsche Bank impose également un ordre permanent mensuel, contrairement à ING et bpost banque. Les épargnants de bpost banque peuvent faire un dépôt mensuel jusqu’au mois de leur 40e anniversaire, une restriction d’âge inexistante dans les autres banques.

L’Epargne Mensuelle Triodos et le Compte Epargne+ de Belfius sont deux autres comptes d’épargne assortis d’un plafond de 500 euros par mois. Le rendement est légèrement inférieur à celui des autres comptes d’épargne dont les dépôts sont plafonnés, à savoir 0,01% de taux de base et 0,3% de prime de fidélité, ce qui les classe hors du top 10 ( voir tableau 1).

Les carnets d’épargne Banca Monte Paschi Belgio Roc et Fedeltà ne figurent pas dans le tableau parce qu’ils imposent un dépôt minimum de respectivement 100.000 et 10.000 euros. Il n’y a pas de minimum requis pour les autres comptes d’épargne. Beobank incite à déposer 500 euros au moins sur le compte, sans quoi 15 euros de frais sont déduits lors du décompte annuel.

Le taux de base plutôt que la prime de fidélité

La différence de rendement entre le carnet d’épargne réglementé de MeDirect et celui de Santander Consumer Bank Vision + est vraiment minime (rémunération totale de 0,85% contre 0,80%). Le taux de base de 0,15% de Santander est cependant trois fois plus élevé que celui de MeDirect. L’épargnant qui veut se ménager la possibilité de retirer l’argent de son compte en cours d’année, pour faire face à un événement prévu ou imprévu, recevra donc trois fois plus chez Santander que chez MeDirect. Mais il n’a, dans ce cas, pas droit à la prime de fidélité. Si vous n’êtes pas sûr de pouvoir laisser l’argent sur votre compte d’épargne pendant un an sans interruption, mieux vaut opter pour le taux de base le plus élevé.

Pour une durée de plus de trois ans, les taux de certains bons de caisse et comptes à terme s’avèrent intéressants.

Dans le classement des comptes d’épargne en fonction des taux de base les plus élevés, force est de constater une fois de plus que certains comptes d’épargne limitent les dépôts mensuels. Il existe aussi des comptes d’épargne non réglementés, sans prime de fidélité. L’épargnant est alors tenu de payer le précompte mobilier (PM) de 30% sur les intérêts. La plupart des banques retiennent cette taxe du chef de leurs clients. Dans le cas contraire, l’épargnant est tenu de déclarer au fisc les intérêts perçus. Certaines banques imposent un délai d’attente en cas de retrait d’argent, tandis que l’argent placé sur un carnet d’épargne classique est directement disponible.

Un carnet d’épargne classique sans conditions particulières génère tout au plus 0,15% de taux de base. C’est le cas de Santander Consumer Bank, NIBC Direct, Rabobank.be et Moneyou. NIBC Direct a relevé à 0,15% le taux et la prime de son compte d’épargne classique à la fin du mois de décembre, juste avant l’entame de la nouvelle année.

TRIODOS BANK La seule banque qui permet aux épargnants d'avoir une vue claire sur ce qui est fait avec leur argent.
TRIODOS BANK La seule banque qui permet aux épargnants d’avoir une vue claire sur ce qui est fait avec leur argent.© PG

Les épargnants peuvent-ils espérer une hausse des taux d’intérêt ?

La semaine dernière, la Banque centrale américaine (Fed) a écarté tout espoir de majoration des taux d’épargne. Après neuf augmentations en trois ans, la Fed fait une pause, estimant que le taux actuel concorde parfaitement avec la situation économique aux Etats-Unis. Ce faisant, elle rend la tâche difficile à la Banque centrale européenne qui envisagerait de relever ses taux directeurs. ” La BCE ne bougera pas avant l’été 2019, assure Peter Vanden Houte, chef économiste d’ING Belgique. Il se peut qu’à l’automne, la BCE prenne des mesures techniques et réduise son taux négatif de 0,4% destiné à punir les banques qui choisissent de déposer leurs liquidités excédentaires à la BCE. Le but du taux négatif est d’encourager les banques à assouplir leur politique de crédit à l’égard des entreprises et des ménages pour soutenir l’économie et rééquilibrer les dépôts. ”

” D’après les études, les banques ne peuvent pas reporter entièrement ce taux négatif sur les dépôts – un taux négatif sur l’épargne est généralement impopulaire – ni augmenter le taux sur les crédits afin de rentrer dans leurs frais. Un taux trop négatif ou un taux trop pénalisateur produit donc l’effet inverse – restriction des crédits – de celui recherché. Un taux pénalisateur légèrement moins élevé – voire aucun taux pénalisateur – donnerait un peu plus de liberté aux banques mais pas assez pour relever les taux d’épargne. ”

” Je ne pense pas que les taux d’épargne repartiront à la hausse dans les prochaines années. Il ne faut pas s’attendre à une nouvelle accélération de la croissance économique ni à une hausse des taux de la part de la Banque centrale européenne avant 2021. Je crains au contraire un scénario à la japonaise, à savoir le maintien de taux d’épargne très bas pendant plusieurs années encore. ”

Quelles alternatives aux comptes d’épargne ?

Les alternatives sont plutôt limitées pour l’épargnant qui ne veut prendre aucun risque. Nous nous limitons ici aux produits d’épargne les moins risqués.

Bons de caisse et comptes à terme

L’argent placé sur un compte d’épargne ne court aucun risque, pas plus que sur un compte à terme ou dans un bon de caisse, couverts par la même garantie de dépôt. Précisons toutefois que les comptes à terme et les bons de caisse partent avec un handicap, comparé aux comptes d’épargne étant donné que les intérêts sont soumis à 30% de précompte mobilier. Dans le cas du compte d’épargne, la taxe est de 0%, ou 15% sur les intérêts supérieurs à 980 euros.

Pour une durée de plus de trois ans, les taux de certains bons de caisse et comptes à terme s’avèrent intéressants. Surtout si on part du principe que les taux d’épargne historiquement bas d’aujourd’hui se maintiendront encore plusieurs années. Sachez aussi que les ” casseurs de prix ” peuvent abaisser le taux d’intérêt sur les comptes d’épargne alors que le taux des bons de caisse et des comptes à terme est fixé pour toute la durée. Selon le site comparatif www.guide-epargne.be, Banca Monte Paschi offre 0,91% net sur un dépôt de trois ans, Izola Bank Saver 0,88% et Europabank 0,56%. Les deux premières, ainsi que MeDirect, promettent même plus de 1% net sur les comptes à terme de cinq ans. Pour autant qu’on puisse qualifier cette promesse d’intéressante.

Assurances-épargne

Une assurance-épargne est une forme d’assurance-vie avec rendement garanti et possibilité de participation bénéficiaire. L’épargnant doit acquitter une taxe de 2% sur chaque prime versée dans le cadre du contrat. Cette taxe s’ajoute aux frais d’entrée de 1 à 2%, maximum 3%, que le courtier d’assurance retient sur chaque prime. Par contre, si l’argent reste suffisamment longtemps sur le compte, à savoir huit ans et un jour au moins, aucun précompte mobilier n’est dû sur les intérêts produits par le contrat.

” Axa proposait autrefois une assurance-vie branche 21 très prisée mais ce produit n’existe plus, précise Dirk Gysemans, courtier en assurance indépendant et agent bancaire Axa. Je conseille les assurances-vie Allianz ou AG Insurance aux clients en quête d’alternative. ” Pour Dirk Gysemans, également président de la Fédération des courtiers en assurances et des intermédiaires financiers (Feprabel), le rendement garanti n’est pas le seul facteur à prendre en considération.

En 2010, le marché belge des produits structurés était un des plus importants d’Europe.

” Une assurance de la branche 21 est un contrat à long terme, rappelle Dirk Gysemans. Surtout s’il s’agit d’assurances branche 21 dans le cadre de l’épargne à long terme ou de l’épargne-pension. Dans ces deux cas, l’épargnant peut bénéficier d’une réduction fiscale allant jusqu’à 30% sur leurs versements à condition de laisser l’argent jusqu’à son 60e anniversaire au moins. Il est donc très important de choisir une société d’assurance stable. Certaines sociétés fondées il y a 20 ans sont toujours aussi solides. D’autres qui offraient des intérêts nettement supérieurs n’existent plus. ”

Free Invest Plan d’AG Insurance offre actuellement un taux d’intérêt garanti de 0,5% sur ce qui reste de la prime après déduction des frais et des taxes. A cela peut s’ajouter une participation bénéficiaire. Patronale Life lance une promotion temporaire jusqu’à fin février : certains produits font l’objet d’un intérêt annuel fixe de 1,25% pour tout dépôt de huit ans ou plus.

Comme le compte d’épargne, l’assurance-vie branche 21 fait l’objet d’une garantie supplémentaire de 100.000 euros par assuré et société d’assurances. Si AG Insurance ou Patronale Life ne parviennent plus à faire face à leurs engagements, le Fonds de garantie intervient pour les produits relevant de la branche 21.

Produits structurés

En 2010, le marché belge des produits structurés était un des plus importants d’Europe, avec un encours avoisinant les 85 milliards d’euros. L’autorité des services et marchés financiers, la FSMA, a annoncé en 2011 un moratoire sur la commercialisation des produits structurés complexes. L’institution considère comme trop complexe tout produit structuré dont le rendement est lié à un indice insuffisamment diversifié, ou dont le rendement est calculé sur base de plus de trois mécanismes, s’il est fait usage de ” teasers ” tels qu’un revenu fixe applicable pendant moins de la moitié de la durée de vie du produit ou si la protection de capital est conditionnelle.

Voici tout ce que l'épargnant a toujours voulu savoir

” Je conseille toujours aux investisseurs de calculer leur rendement en fonction d’un indice boursier qui viendrait à fluctuer de 10 ou 20% à la hausse ou à la baisse. S’ils jugent le résultat satisfaisant, ils peuvent investir dans ce genre de produit. S’ils l’estiment insatisfaisant ou n’ont aucune idée de ce que sera leur rendement, mieux vaut s’abstenir “, explique Marcel Tak, chroniqueur spécialisé dans les produits structurés du site d’investisseurs IEX.

Les produits structurés les plus populaires sont les obligations dites structurées ( structured notes). En 2017, les Belges ont investi quelque 2,4 milliards d’euros en obligations structurées et 2,2 milliards dans d’autres produits structurés, d’après la FSMA. Ces produits structurés ont une durée déterminée. L’investisseur est généralement certain de retrouver son capital de départ à l’échéance, après déduction des frais, et espère un rendement plus élevé, si tout va bien. Ces produits sont généralement composés de différents instruments financiers comme une obligation classique et une option. L’obligation assure la protection du capital et l’option permet de bénéficier d’un rendement potentiellement élevé.

” Plus l’intérêt est bas, plus il est difficile pour la banque de mettre sur pied une telle construction avec capital garanti, précise Marcel Tak. La banque tient le discours suivant : je ne paie pas d’intérêt sur votre obligation mais je réinvestis les intérêts dans des options. Plus l’intérêt est bas, moins la banque peut acheter d’options. Ces options peuvent ne rien rapporter ou générer un certain rendement. ” Selon le chroniqueur, l’Allemagne offre actuellement les produits structurés avec protection de capital conditionnelle les plus intéressants mais leur commercialisation est interdite en Belgique.

Tous les produits structurés ne comprennent pas une protection de capital. Comme le souligne Marcel Tak, depuis la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers en 2008, les investisseurs savent qu’une partie doit toujours se porter garante et que, par conséquent, chaque produit assorti d’une protection de capital comporte un risque de contrepartie. ” La réputation de ces produits en a beaucoup souffert “, conclut-il.

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