Amundi étoffe son offre dans les fonds “income”

Marco Pirondini, Head of US Equities d'Amundi Pioneer Asset Management: " Il y a aujourd'hui beaucoup plus de classes d'actifs différentes que par le passé, et elles sont souvent plus faciles à analyser ". © PG

Début de l’intégration des fonds Pioneer dans l’offre du premier gestionnaire d’actifs européen.

La première conséquence de l’acquisition de Pioneer Investments (qui appartenait à Unicredit) par Amundi en juillet 2017 a été de consolider la place du groupe français dans le Top 10 mondial (ainsi que son leadership européen), en augmentant d’un coup de 20 % les actifs sous gestion. La direction a désormais l’objectif de se hisser dans le Top 5 mondial durant les prochaines années.

La deuxième conséquence a été un petit bouleversement dans l’organigramme d’Amundi, notamment dans les classes d’actifs où Amundi était traditionnellement peu présent. Enfin, la troisième conséquence est aujourd’hui de voir plusieurs stratégies de Pioneer Investments faire leur entrée sur le marché belge.

Marco Pirondini (Head of US Equities d’Amundi Pioneer Asset Management) était récemment de passage à Bruxelles pour présenter deux de ces nouveaux produits, et notamment Amundi Pioneer Income Opportunities, un fonds qui donne plus de visibilité au groupe dans les stratégies mixtes flexibles distribuant un revenu régulier. Ce produit est la réplique du fonds Pioneer Multi-Asset Income, que Marco Pirondini gère depuis Boston avec deux autres gestionnaires. Les actifs sous gestion ont rapidement progressé depuis le lancement en 2011 pour dépasser désormais 1,5 milliard de dollars.

L’exposition sur les marchés boursiers peut osciller entre 0 et 60 % (dans la pratique entre 40 et 50 %), avec un maximum de 20 % exposés sur les marchés émergents, et un rendement qui s’est historiquement situé au-dessus de 5 %. ” Nous avons une grande liberté dans notre positionnement, et nous sommes en mesure d’utiliser toutes les équipes de spécialistes du groupe Amundi pour établir notre stratégie et sélectionner nos positions. Et de souligner qu’au niveau global, il existe de nombreuses actions valorisées de manière attractive sur les marchés boursiers. ” Le rapport cours/bénéfice de notre portefeuille actions tourne actuellement autour de 13, ce qui reste attractif pour un portefeuille diversifié globalement “.

Classes identifiées

” Dans cette stratégie, nous viserons à nous exposer sur toute une série de classes d’actifs qui produisent des revenus attractifs, comme l’immobilier, les valeurs télécoms, les aristocrates du dividende (qui ont maintenu ou relevé leur dividende sur les 10 dernières années), les Cat Bonds (obligations liées aux catastrophes naturelles), etc. “, indique encore Marco Pirondini. ” Il y a aujourd’hui beaucoup plus de classes d’actifs différentes que par le passé, et elles sont souvent plus faciles à analyser. Par exemple, comprendre la dynamique du marché immobilier allemand est plus accessible que de comprendre la zone euro dans son entièreté. Dans la pratique, plus de deux tiers de nos actifs sous gestion seront exposés sur une classe bien identifiée, dans le but de dégager un rendement de 4 à 5 %, en plus d’avoir un potentiel d’appréciation du capital en ligne avec l’inflation “.

Nous préférons actuellement des expositions plus cycliques, comme les valeurs financières ou les industrielles.

Il souligne à ce titre que les fonds mixtes qui continuent de baser leur allocation sur les deux grandes classes d’actifs dominantes (actions et obligations) font aujourd’hui face à des grands défis ( lire notre encadré : ” Les fonds ‘income’ ont gagné des adeptes “), tandis que les fonds income ” rencontrent un intérêt croissant, notamment de la part des fonds de pension “.

Actions américaines

Une autre stratégie de Pioneer Investments disponible depuis peu sur le marché belge est Amundi Pioneer Global Select, un autre fonds dont Marco Pirondini est gestionnaire. ” L’économie américaine continuera à bien se comporter, avec une croissance attendue autour de 2,8 %-3 % qui devrait supporter une bonne performance des marchés boursiers “, souligne Marco Pirondini. ” Le principal risque, ce sont les incertitudes sur les échanges commerciaux, mais l’impact devrait rester relativement limité en 2018 “. Il indique également que l’arrivée des élections de mid-term aux Etats-Unis (en novembre) est toujours une période plus difficile pour les marchés boursiers, de même que les périodes durant lesquelles la Réserve fédérale remonte son taux directeur. ” La volatilité devrait donc rester élevée, et pénaliser les entreprises qui ont été trop agressives dans leur endettement “.

” Nous préférons actuellement des expositions plus cycliques, comme les valeurs financières ou les industrielles. Sur le secteur technologique, nous apprécions les sociétés qui affichent une croissance intéressante sans nous aventurer sur les segments valorisés de manière excessive. Et nous trouvons également des opportunités attractives sur le secteur des télécoms “. Il souligne également le danger de s’aventurer sur une stratégie uniquement axée sur les valorisations attractives. ” Il faut être aujourd’hui conscient de la rapidité des changements technologiques dans de nombreux secteurs, où les acteurs traditionnels font aujourd’hui face à un déclin structurel de leur activité “. Il indique qu’il faut s’intéresser aux entreprises traditionnelles qui sont en mesure de s’adapter au risque de disruption, notamment dans le secteur financier.

Défis structurels

” Nous sommes particulièrement prudents dans le secteur de la distribution, qui fait face à une concurrence des acteurs en ligne. Il existe des concepts qui continuent de marcher, mais les groupes avec des modèles très génériques et sans stratégie online sont aujourd’hui clairement menacés. Il faut évaluer au cas par cas la soutenabilité des modèles “. Marco Pirondini apprécie les profils convexes, des entreprises avec un risque baissier limité mais qui disposent d’un potentiel important de rebond, et exposées sur des tendances globales comme l’automatisation industrielle ou le vieillissement de la population. ” Nous préférons par exemple le secteur des instruments médicaux aux traditionnels groupes pharmaceutiques, qui font face à un risque de pression sur les coûts des soins de santé aux Etats-Unis “.

Les fonds “income” ont gagné des adeptes

Les fonds mixtes flexibles ont connu des moments difficiles durant le premier semestre : la plupart des produits les plus populaires commercialisés en Belgique ont encaissé des reculs compris entre -2 et -5 %, avec seulement une poignée de produits qui sont parvenus à rester à l’équilibre. Alors que plusieurs fonds ont enregistré de belles progressions de leurs actifs sous gestion (par exemple M&G Dynamic Allocation, Flossbach von Storch Multiple Opportunities ou DNCA Eurose), les mouvements baissiers ont été beaucoup plus importants, notamment sur des fonds comme BlackRock Global Allocation, Carmignac Patrimoine, Ethna-Aktiv, Nordea 1 Stable Return ou Deutsche Invest Multiple Opportunities.

Dans le même temps, les encours de nombreux fonds flexibles orientés income (comme JP Morgan Global Income, Invesco Global Income ou First Eagle Amundi Income Builder) ont vu leurs actifs sous gestion progresser sensiblement, les investisseurs préférant visiblement l’assurance de recevoir un rendement compris entre 4 et 5 % plutôt que d’être soumis au manque de visibilité sur les marchés financiers.

Les investisseurs sur les fonds mixtes pratiquent donc beaucoup plus rapidement des arbitrages entre les fonds mixtes flexibles très populaires, mais également avec les fonds flexibles de type income, ces derniers étant de plus en plus perçus comme une manière de retrouver un rendement intéressant dans un contexte où tant les obligations que les actions font face à des conditions de marché difficiles et volatiles.

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